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HISTOIRE DE LA RESTAURATION.

coup de foudre pour le parti royaliste. Il la reçut en frémissant d’indignation et de colère. M. de Chateaubriand, l’homme le plus éloquent et le plus éclairé de ce parti, le seul peut-être qui, en s’appuyant sur la légitimité, comme fondement de l’ordre social, voulût alors avec sincérité le maintien de la constitution, protesta au nom de tous les siens, et répondit à l’ordonnance de septembre par la Monarchie suivant la charte, ouvrage qui retentit en Europe et fit disgracier son auteur. Le commandement de la garde nationale fut retiré au comte d’Artois, et le résultat des nouvelles élections répondit à l’espoir du ministère.

Cependant les malheurs de la patrie étaient au comble : tyrannisée par cent cinquante mille étrangers qui, disséminés dans ses forteresses, l’accablaient de charges ruineuses, agitée par les factions intérieures, la France eut encore à gémir des horreurs de la disette ; les pluies continuelles de 1816 inondèrent les campagnes, détruisirent l’espoir des récoltes, et répandirent dans le bétail le fléau des épizooties. Tant de calamités n’étouffèrent point l’explosion des haines politiques, et, dans l’année 1817, les dernières scènes tragiques de Grenoble se reproduisirent à Lyon, avec le même caractère d’absurdité dans l’exécution du complot et de barbarie dans le châtiment.

Un nouveau concordat avait été signé à Rome par les soins de M. de Blacas, ambassadeur auprès du souverain pontife. Ce traité, onéreux pour la France à plus d’un titre, étendait considérablement le nombre des évêchés, fixé à cinquante par le concordat de Napoléon. Un projet de loi, présenté à ce sujet aux chambres, fut rejeté, et le roi limita le nombre des évêques à celui des départements.

L’acte législatif le plus important de cette année fut la loi électorale, qui, pour la première fois depuis la restauration, permit de suivre une voie légale dans la nomination des députés. Elle établit l’élection directe, fixa le cens des électeurs à trois cents francs d’imposition, et celui des éligibles à mille francs ; la chambre devait se renouveler par cinquièmes, et il n’y avait qu’un collège par département : cette loi, proposée