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RÈGNE DE CHARLES X.

rope. L’empereur Alexandre avait cessé de vivre en 1825, et l’empereur Nicolas, son frère, appelé au trône par la renonciation de son frère aîné Constantin, n’y était monté qu’après de sanglants combats, qui faisaient pressentir un règne agité. Vers le même temps, après la mort du roi Jean VI, don Pedro, l’aîné de ses fils, renonçant à la couronne de Portugal en faveur de sa fille dona Maria, avait donné une constitution à ce royaume, sous les auspices de l’Angleterre : les amis de don Miguel absent, les partisans du pouvoir absolu, se disposaient à courir aux armes ; déjà la guerre civile s’allumait parmi les Portugais, tandis que, dans le royaume voisin, en Espagne, une main tyrannique et insensée maintenait le peuple dans l’anarchie par le despotisme. Le reste de l’Europe faisait silence. C’est alors que la France parut entrer dans une voie meilleure, et qu’elle obtint quelque temps un gouvernement qui sut comprendre ses besoins et qui parut disposé à répondre à ses vœux.

Le nouveau conseil fut formé le 4 janvier 1828. Ses membres étaient MM. de Martignac, Portalis, la Ferronnaye, de Caux, de Saint-Cricq, et Hyde de Neuville, auxquels le roi adjoignit ensuite MM. de Vatimesnil et Feutrier, évêque de Beauvais. M. de Martignac, doué d’un esprit judicieux, plein de convenances, d’une parole facile et brillante, attacha par son talent son nom à ce cabinet, dont aucun ministre n’obtint la présidence. La chambre des députés, présidée par M. Royer-Collard, qu’avaient élu sept colléges, flétrit d’abord, dans son adresse au roi, le dernier ministère, et fut ensuite sur le point de le traduire en accusation. La situation du nouveau cabinet était doublement difficile. La plupart de ses membres avaient donné trop peu de gages à l’opinion libérale pour rassurer la France, et n’en offraient point assez à l’opinion royaliste pour contenter la cour : de là, les exigences de l’opposition et la défiance du monarque, de là aussi, la chute rapide de ce ministère ; mais, dans sa courte administration, il fut utile et dota le pays de lois importantes. L’une d’elles, satisfaisante pour la presse, abolissait la censure ; d’autres admettaient la