Page:Mignet - Nouveaux éloges historiques.djvu/24

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

construire l’édifice, il voulut en recueillir tous les matériaux. Accompagné de sa jeune femme, il explora successivement les bibliothèques de Heidelberg, de Stuttgart, de Tubingue, de Strasbourg. Avec les richesses qu’il avait amassées, il partit pour Paris, et se logea, rue de Richelieu, en face de la grande bibliothèque, où il devait en trouver de plus abondantes encore. Une douloureuse surprise l’attendait. En arrivant, il ne vit plus, derrière sa voiture, la malle qui renfermait les documents déjà recueillis. Un voleur l’en avait détachée avec une adresse dont il ne dut pas s’applaudir en l’ouvrant. Il avait mis la main sur des commentaires du droit, en croyant s’emparer des dépouilles d’un opulent étranger. M. de Savigny n’avait pas moins fait une très-grande perte, et il eut tout à recommencer. Il s’y décida avec une courageuse ardeur. Il appela, du fond de la Hesse, Jacob Grimm, son zélé disciple et fidèle ami, et tous deux, secondés par Mme  de Savigny et par l’une de ses sœurs, Mlle  Sophie Brentano, se mirent à compulser, à extraire, transcrire les nombreux manuscrits qui intéressaient la science du droit et son histoire. La diligente colonie se ren