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célèbre et spirituelle de Wieland, de Goethe, de Lavater et de Jacobi. C’est chez la mère de Mme  de Savigny que se conservait, comme une relique du génie, la table sur laquelle avaient été écrites les touchantes aventures du jeune Werther. Les talents abondaient dans cette famille. Mme  de Savigny était sœur du poète Clément Brentano et de Mme  d’Arnim, cette fameuse Bettina qui avait dans l’âme tant de poésie, dans le caractère tant d’originalité, à laquelle le désœuvrement de la sensibilité et l’intempérance de l’admiration inspirèrent, pour Goethe déjà vieux, cet amour hardi et naïf dont la capricieuse expression remplit en partie la correspondance singulière qu’elle-même a innocemment publiée après la mort de Goethe, et que se plut à lire l’Allemagne séduite par les élans d’un enthousiasme passionné pour son grand homme et par le charme d’une éblouissante fantaisie.

Presque aussitôt après son mariage, M. de Savigny entreprit un voyage de découverte à travers l’histoire du droit. Il alla visiter les manuscrits des bibliothèques d’Allemagne, de France et d’Italie. Il projetait déjà le savant ouvrage qui gardera le mieux sa renommée. Avant de