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métaphysiciens, les théologiens, le sage et grave Savigny, comme l’ardent Niebuhr, l’austère Fichte, le subtil et profond Schleiermacher, partager, soutenir, répandre, de leur parole et de leurs écrits, l’enthousiasme général. Hélas ! à cette époque, qui nous est d’une si attristante mémoire, les armées réunies du continent se précipitèrent de tous les côtés sur un seul pays, épuisé pour avoir trop vaincu, et réduit à l’isolement, dans son héroïque défense, pour avoir trop conquis. L’homme extraordinaire, qui avait disposé si complétement des destinées comme des forces de la France, et lui avait ouvert les perspectives éblouissantes de la gloire pour la détourner des laborieuses recherches de la liberté, avait voulu en quelques années changer la face du monde, et, aussi outré dans ses actes que démesuré dans ses desseins, il avait détruit la forme ou la limite des États, dépossédé ou assujetti les princes, fait subir aux peuples les abaissements de la défaite et les duretés de l’invasion, et il avait provoqué l’armement de toute l’Europe contre sa domination et notre grandeur.

Au douloureux dénoûment de cette longue guerre, la France se vit arracher même ce qu’elle