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Niebuhr et de Savigny. En 1816, Niebuhr, se rendant de Berlin à Rome comme ambassadeur de Prusse auprès du saint-siége, passa par Vérone et y trouva, dans les archives du chapitre métropolitain, le célèbre palimpseste qui cachait, depuis plus de mille ans, sous un texte de saint Jérôme, le livre perdu de Gaius dont les ouvrages avaient jadis reçu force de loi dans l’empire romain. Sur une des pages du précieux manuscrit, où son pénétrant regard avait entrevu quelque trésor enfoui, il lit habilement reparaître l’écriture primitive, et au-dessous des ligues agitées du Père le plus véhément de l’Église latine se montrèrent les tranquilles paroles d’un grave jurisconsulte romain. Lequel ? C’est ce que Niebuhr, malgré toute sa perspicacité, ne put pas dire. Pour le savoir, il envoya le fragment copié de l’ouvrage inconnu a celui qui devait le mieux en juger le mérite, et le plus sûrement en désigner l’auteur, à M. de Savigny. Familier avec les textes juridiques des anciens, M. de Savigny n’hésita point à y reconnaître la pensée et le style de Gaius. C’étaient, en effet, les Institutes originales de ce grand jurisconsulte, à qui Justinien avait en partie emprunté les siennes. Après avoir annoncé à l’Académie de