Oui mon cœur souverain ne craint pas la blessure
Des amours vaines…
Oriane s’avance vers les arbres et fait des signes magiques avec son fuseau.
Obéron, Obéron, je t’appelle, ô mon roi !
Que veux-tu donc ? Vas-tu me demander encore
Une robe trempée au gouffre de l’aurore,
Veux-tu boire du clair de lune ? Te faut-il
Quelque voile tissé d’une brume d’avril ?
Faut-il que pour parer ton front et tes oreilles
Je prenne aux nuits d’été des étoiles vermeilles ?
Non, ni joyaux du ciel, ni robe ! Mon souhait
C’est de n’être plus seule avec le bois muet.
Roi, je veux qu’un jeune homme à lèvre attendrie
Voluptueusement me parle et me sourie.
Déliez ce serment cruel qui me défend
D’apparaître. Je veux que là-bas un enfant
Voie au fond de la nuit éternelle du monde
Ma gorge resplendir comme une clarté blonde :
Je veux livrer au vent terrestre mes cheveux.