Je ne sais que vouloir. Imagine un tourment.
L’enchaîner sur le bord effroyable d’un gouffre ?
Non ! Le changer en pierre, en arbre ?… Il faut qu’il souffre
Et le roc ne sent rien et l’arbre a trop de fleurs,
Cherchons encor !… La terre est pauvre de douleurs.
Tiens ! Que près de la source où je fus offensée,
Il soit troublé de quelque étrange fiancée ;
Que j’entende monter aux cieux lointains et sourds
Ses sanglots et les cris de ses vaines amours.
Par qui le ferons-nous punir ?
Le châtiment est sûr, car tu seras aidée
Par quelqu’un de très grand…
C’est toi qui vas…
Je t’obéis. Je veux le châtier moi-même.
Réfléchis… Tout à l’heure il te criera « Je t’aime »
Et penché vers ta lèvre il te dira tout bas
Des mots victorieux… Tu ne faibliras pas ?
Oriane ne peut s’attendrir.