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CHAPITRE III

De la sanction suprême du principe d’utilité

On pose souvent, et avec raison, cette question lorsqu’il s’agit d’un principe quelconque de morale : Quelle est sa sanction ? Pour quels motifs doit-on lui obéir ? ou encore : À quelle source puise-t-il sa force d’obligation ? La philosophie morale doit forcément répondre à cette question qui, présentée souvent sous forme d’objection à la morale utilitaire comme s’y adressant plus particulièrement, se pose en réalité en face de tous les principes. Elle se présente à l’esprit de toute personne qui veut adopter un principe de morale autre que celui auquel elle était habituée. La morale coutumière, celle que consacrent l’éducation et l’opinion publique est la seule qui s’impose à l’esprit comme obligatoire en elle-même. Et lorsqu’on assure que cette morale tire son caractère obligatoire de quelque principe qui n’est pas entouré de la même auréole que donne la coutume, on semble avancer un paradoxe ; on dirait que les