Page:Mill - La Liberté, trad Dupont-White, 1860.djvu/102

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parvenir, ou quand on le possédait déjà jusqu’à un certain point, d’y parvenir plus complètement, devint partout le principal objet des amants de la liberté. Aussi longtemps que l’humanité se contenta de combattre un ennemi par l’autre, et d’être gouvernée par un maître, à condition d’être garantie plus ou moins efficacement contre sa tyrannie, les désirs des libéraux ne s’élevèrent pas plus haut. Un moment vint cependant dans la marche des affaires humaines, où les hommes cessèrent de regarder comme une nécessité de nature que leurs gouvernants fussent un pouvoir indépendant, d’un intérêt opposé au leur. Il leur parut beaucoup mieux que les divers magistrats de l’État fussent leurs tenants ou délégués, révocables à leur gré. Il sembla que de cette façon seulement, l’humanité pouvait avoir l’assurance complète qu’on n’abuserait jamais, à son désavantage, des pouvoirs du gouvernement. Peu à peu, ce nouveau besoin de gouvernants électifs et temporaires, devint l’objet principal des exertions du parti populaire partout ou il en existait un, et alors on abandonna assez généralement les efforts précédents pour limiter le pouvoir des gouvernants. Comme il s’agissait dans cette lutte, de faire émaner le pouvoir gouvernant du choix périodique des gouvernés, quelques personnes commencèrent à croire qu’on avait attaché trop d’importance à l’idée de limiter le pouvoir lui-même. Cela (à ce qu’il pourrait sembler)