Page:Mill - La Liberté, trad Dupont-White, 1860.djvu/101

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de la communauté d’être dévorés par d’innombrables vautours, il était indispensable qu’un oiseau de proie plus fort que le reste, fût chargé de contenir ces animaux voraces. Mais comme le roi des vautours n’aurait pas été moins disposé à dévorer le troupeau qu’aucune des moindres harpies, il fallait être constamment sur la défensive contre son bec et ses griffes.

C’est pourquoi le but des patriotes était d’assigner des limites au pouvoir qu’il était permis aux gouvernants d’exercer sur la communauté, et c’était là ce qu’ils entendaient par liberté. On y tendait de deux façons : d’abord en obtenant une reconnaissance de certaines immunités, appelées libertés ou droits politiques, que, selon l’opinion générale, le gouvernement ne pouvait violer sans un manque de foi, et sans courir à juste titre le risque d’une résistance particulière ou d’une rébellion générale. Un autre expédient, généralement de plus fraîche date, était l’établissement des freins constitutionnels, moyennant lesquels le consentement de la communauté ou d’un corps quelconque supposé le représentant de ses intérêts, devenait une condition nécessaire pour quelques-uns des actes les plus importants du pouvoir exécutif. Dans la plupart des contrées de l’Europe, le gouvernement a été contraint plus ou moins de se soumettre au premier de ces modes de restriction. Il n’en fut pas de même pour le second ; et d’y