Page:Mill - La Liberté, trad Dupont-White, 1860.djvu/165

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se les figurer et leur fournir les argument les plus forts que puisse imaginer le plus habile avocat du diable.

Pour diminuer la force de ces considérations, un ennemi de la libre discussion dira peut-être : « Il n’y a pas de nécessité pour l’humanité en général de connaître et de comprendre tout ce qui peut être dit contre ou pour ses opinions par les philosophes et les théologiens. Il n’est pas utile pour le commun des hommes de pouvoir exposer toutes les erreurs et tous les sophismes d’un habile adversaire. Il suffit qu’il y ait toujours quelqu’un capable d’y répondre, afin que tout ce qui pourrait tromper les personnes sans instruction soit réfuté. Les esprits ordinaires, connaissant les principes évidents des vérités qu’ils professent, peuvent se fier à l’autorité pour le reste : ils n’ont point, ils le savent bien, la science et le talent nécessaires pour résoudre toutes les difficultés qu’on pourrait élever : l’assurance qu’elles peuvent être résolues par les gens qui en font leur métier doit suffire à leur repos. »

Même en accordant à cette façon de penser tout ce que peuvent réclamer en sa faveur ceux à qui il ne coûte pas grand’chose de croire la vérité sans la comprendre parfaitement, les droits de l’homme à la libre discussion n’en sont nullement affaiblis. Car aux termes de cette doctrine même, l’humanité