Page:Mill - La Liberté, trad Dupont-White, 1860.djvu/166

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devrait avoir l’assurance rationnelle qu’on a répondu d’une manière satisfaisante à toutes les objections. Or, comment peut-on y répondre, si on n’en doit pas parler ? Ou, comment peut-on savoir que la réponse est satisfaisante, si les personnes gui élevaient les objections n’ont pu dire qu’elle ne l’était pas ? Les philosophes et les théologiens qui doivent résoudre les difficultés, sinon le public, devraient se familiariser avec ces difficultés sous leur forme la plus embarrassante ; et pour cela il faut qu’on puisse les poser librement et les montrer sous leur aspect le plus avantageux. L’église catholique traite à sa façon ce problème embarrassant. Elle trace une ligne de démarcation bien prononcée entre ceux qui doivent accepter ses doctrines comme matière de foi, et ceux qui peuvent les adopter par conviction. À la vérité elle ne permet à personne de faire un choix de ce qu’il acceptera ; mais le clergé, là du moins où il mérite sa pleine confiance, peut d’une manière admissible et méritoire, prendre connaissance des arguments des adversaires afin d’y répondre ; il peut, par conséquent, lire les livres hérétiques ; les laïques ne le peuvent pas sans une permission spéciale très-difficilement obtenue. Cette discipline regarde comme utile pour les enseignants de connaître la cause adverse ; mais, sans inconséquence, elle juge à propos de priver de cette connaissance le reste du monde, donnant ainsi à