Page:Mill - La Liberté, trad Dupont-White, 1860.djvu/169

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fort peu de convertir. Au lieu d’être comme tout d’abord constamment sur le qui vive, soit pour se défendre contre le monde, soit pour le conquérir, ils en sont venus à une croyance inerte ; et jamais, autant qu’ils le peuvent, ils n’écoutent des arguments contre leur croyance, ni ne fatiguent les dissidents (s’il y en a) par des arguments en sa faveur. De cet instant on peut dater ordinairement le déclin du pouvoir vivant d’une doctrine.

Nous entendons souvent ceux qui enseignent les croyances religieuses se plaindre de la difficulté d’entretenir dans l’esprit des croyants une conception vive de la vérité qu’ils reconnaissent nominalement, de façon à ce qu’elle puisse influer sur leurs sentiments et prendre véritablement de l’empire sur leur conduite. On ne se plaint pas d’une telle difficulté, tant que la croyance lutte encore pour s’établir. Alors les plus faibles combattants eux-mêmes savent et sentent pourquoi ils luttent, et connaissent la différence qu’il y a entre leur doctrine et les autres. Aussi peut-on, à cette époque de l’existence de toute croyance, trouver nombre de personnes qui ont réalisé ses principes fondamentaux sous toutes les formes de la pensée, qui les ont examinés et pesés sous tous leurs aspects importants, et qui en ont éprouvé, quant à leur caractère, tout l’effet que la foi en cette doctrine devrait produire sur un esprit qui en est profondément pénétré. Mais quand