Page:Mill - La Liberté, trad Dupont-White, 1860.djvu/204

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comme être humain ? Ce qui est vraiment important, ce n’est pas seulement ce que font les hommes, mais aussi quels sont les hommes. Parmi les œuvres de l’homme, que la vie humaine est légitimement employée à perfectionner et à embellir, la plus importante est sûrement l’homme lui-même. En supposant qu’on puisse bâtir des maisons, faire pousser du blé, livrer des batailles, juger des causes et même ériger des églises et dire des prières à la mécanique au moyen d’automates de forme humaine, on perdrait beaucoup à accepter ces automates contre les hommes et les femmes qui habitent actuellement les parties les plus civilisées du globe, bien qu’ils ne soient à coup sûr que des tristes échantillons de ce que la nature peut produire et produira un jour. La nature humaine n’est pas une machine qu’on puisse construire d’après un modèle pour faire exactement un ouvrage désigné, c’est un arbre qui veut croître et se développer de tous les côtés, suivant la tendance des forces intérieures qui en font une chose vivante.

On avouera sans doute qu’il est désirable pour les hommes de cultiver leur intelligence, et qu’il vaut mieux suivre intelligemment la coutume ou même à l’occasion s’en éloigner d’une façon intelligente, que de s’y conformer aveuglément et machinalement. On admet jusqu’à un certain point que notre intelligence doit nous appartenir ; mais on n’admet pas