Page:Mill - La Liberté, trad Dupont-White, 1860.djvu/205

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aussi facilement qu’il doit en être de même quant à nos désirs et à nos impulsions ; on regarde presque comme un péril et un piège d’avoir de fortes impulsions. Cependant les désirs et les impulsions font tout autant partie d’un être humain dans sa perfection que les croyances et les abstentions. De fortes impulsions ne sont dangereuses que lorsqu’elles ne sont pas équilibrées, un ensemble de vues et d’inclinations s’étant développé fortement, tandis que d’autres vues et d’autres inclinations qui devraient exister à côté, restent faibles et inactives. Ce n’est pas parce que les désirs des hommes sont ardents qu’ils agissent mal, c’est parce que leurs consciences sont faibles. Il n’y a pas de rapport naturel entre de fortes impulsions et une conscience faible : le rapport naturel est dans l’autre sens. Dire que les désirs et les sentiments d’une personne sont plus vifs et plus nombreux que ceux d’une autre, c’est dire simplement que la dose de matière brute de nature humaine est plus forte chez cette personne ; par conséquent elle est capable peut-être de plus de mal, mais certainement de plus de bien. De fortes impulsions, c’est de l’énergie sous un autre nom, voilà tout. L’énergie peut être employée à mal, mais une nature énergique peut faire plus de bien qu’une nature indolente et apathique. Ceux qui ont le plus de sentiments naturels sont aussi ceux dont on peut développer le plus les sentiments cultivés. Cette