Page:Mill - La Liberté, trad Dupont-White, 1860.djvu/229

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le mieux pénétrés occuperont les postes d’honneur et de pouvoir. Sûrement le peuple qui fit cela, a découvert le secret de la perfectibilité humaine, et l’on doit croire qu’il marche souverainement à la tête du progrès universel. Eh bien ! non. Les Chinois sont devenus stationnaires ; ils sont depuis des milliers d’années tels que nous les voyons, et s’ils sont destinés à quelque amélioration, elle ne leur viendra que du dehors. Ils ont réussi au delà de toute attente à l’œuvre dont les philanthropes anglais se préoccupent si laborieusement : — rendre tout le monde semblable, chacun gouvernant ses pensées et sa conduite par les mêmes maximes et les mêmes règles — avec les fruits que voilà ! le régime moderne de l’opinion publique est, sous une forme inorganisée, ce que sont les systèmes chinois d’éducation et de politique sous une forme organisée ; et à moins que l’individualité (menacée de ce joug) ne puisse se revendiquer avec succès, l’Europe, malgré ses nobles antécédents et le christianisme qu’elle professe, tendra à devenir une autre Chine.

Et jusqu’à présent qu’est-ce qui a préservé l’Europe de ce sort ? Qu’est-ce qui a fait des nations européennes une portion progressive et non stationnaire de l’humanité ? Ce n’est pas leur perfection supérieure, qui, lorsqu’elle existe, existe à titre d’effet et non de cause, mais bien leur diversité remarquable