Page:Mill - La Liberté, trad Dupont-White, 1860.djvu/239

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service que de l’en avertir d’avance, aussi bien que de toute conséquence désagréable à laquelle il s’expose. Il serait très-heureux en vérité que la politesse actuelle permît de rendre plus souvent ce service, et qu’une personne pût dire franchement à son voisin qu’il est en faute, sans être regardée comme malhonnête ou présomptueuse. Nous avons le droit aussi d’agir de bien des façons d’après notre opinion défavorable sur quelqu’un, sans la moindre lésion de son individualité, mais simplement dans l’exercice de la nôtre. Nous ne sommes pas obligés, par exemple, de rechercher sa société ; nous avons le droit de l’éviter (mais non d’une façon trop marquée) ; car nous avons le droit de choisir la société qui nous convient le plus. Nous avons le droit, et ce peut être notre devoir, de mettre les autres en garde contre cet individu, si nous croyons son exemple ou sa conversation nuisible à ceux qu’il fréquente. Nous pouvons donner la préférence à d’autres pour de bons offices facultatifs, excepté s’ils pouvaient tendre à son amélioration. De ces diverses façons une personne peut recevoir d’autrui des punitions très-sévères pour des fautes qui ne touchent directement qu’elle-même mais elle ne subit ces punitions qu’en tant qu’elles sont les conséquences naturelles et pour ainsi dire spontanées des fautes mêmes ; on ne les lui inflige pas exprès, pour l’amour de punir. Une personne qui montre de la précipitation, de l’obstination, de la suffisance,