AU MOULIN ROUGE
Tournez, tournez bons chevaux de bois
Paul Verlaine.
Tournez, tournez, moroses bourgeois,
Clercs d’avoués, fades calicots,
Navrants cercleux, noceurs rococos
Tournez cent fois, tournez mille fois !
Et vous aussi, venus des Provinces,
De l’Amérique ou bien des Golcondes,
Colons fiévreux, mines rubicondes,
Nègres ou blancs, écumeurs ou princes !
Aux sons joyeux des cuivres criards,
Pendant la valse aux élans berceurs ;
Rythmes ardents, rythmes enlaceurs,
Dans les senteurs d’onguents et de fards ;
Parmi l’essaim des filles de joie
Troupeau rôdeur d’amantes bohèmes ;
Éclairs trompeurs des yeux et des gemmes,
Froufrous troublants de moire et de soie !
Tournez, tournez, mornes débauchés,
Dans cette piste aux louches amours,
Tournez cent tours, tournez mille tours,
Après les Belles que vous cherchez !