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ANTHOLOGIE DES HUMORISTES

mencé à écrire. Il était substitut à Fontenay-le-Comte (1857) quand il publia dans le Figaro, sous la signature de Mérinos, un premier article : les Mouches, bientôt suivi d’un second : l’Invalide à la tête de bois, qui obtint un tel succès que son personnage est demeuré légendaire. Après avoir, pour un temps, abandonné le genre fantaisiste et s’être adonné tout entier à la confection d’un important ouvrage sur les Lois pénales, il revint à sa première manière et fit paraître successivement les volumes cités dans la notice bibliographique ci-dessus. Les Voyages et Aventures du capitaine Marias Cougourdan est le plus connu de ses ouvrages.

Il collabora assez régulièrement à la Vie parisienne.

C’était un homme de taille médiocre, très mince, élégant, portant monocle, et auquel de longs favoris donnaient bien l’air du plus grave des magistrats.

Il mourut le 18 juin 1902.


HISTOIRE DE L’INVALIDE
À LA TÊTE DE BOIS

Le sergent Dubois a eu la tête emportée par un boulet, sauf un œil et une dent de devant. On fait venir le chirurgien.

… L’homme de l’art lui mit une goutte d’eau-de-vie sur le trou du gosier : voilà Dubois qui fait : Hum ! hum ! qui ouvre un œil, et porte sa main à l’endroit où sa tête n’était plus.

« Il n’y a rien du tout, dit le chirurgien ; quelques jours de diète et de repos, et il n’y paraîtra plus. Seulement l’amputation est nécessaire.

— L’amputation de quoi ? l’amputation de quoi ? dit le régiment.

— L’amputation de la tête, pardi ! répond le chirurgien. Mais je n’ai pas les instruments qu’il faut…