mulait son âge, ait été bercé sur le seuil du XIXe siècle, par la main défaillante du XVIIIe.
« Comment s’est passée son enfance ? Autour d’une église ou d’une synagogue ? L’a-t-on baptisé, l’a-t-on circoncis ? Ici les témoignages se croisent et se brouillent : c’est un écheveau sous la patte d’un chat… Il ne savait ni le Vieux Testament ni le Nouveau, ni le Catéchisme ni le Talmud, ni le latin ni l’hébreu, quand il s’embarqua, dit-on, sur un navire marchand qui faisait voile vers le Sénégal…
« On ignore ce que le capitaine vendit aux colons et aux sauvages ; mais son jeune passager a raconté plus tard qu’il revint à Marseille au milieu de marchandises vivantes qui encombraient et affamaient le navire. Le capitaine ramenait en France tout un bataillon de singes faméliques… Est-ce en compagnie de ces quadrumanes que Léon Gozlan devint assez naturaliste pour décrire plus tard avec tant d’ironie les mœurs de l’espèce simiesque, dans ce livre si sage et si fou, les Émotions de Polydore Marasquin ? Est-ce alors qu’il étudia les gibbons et les jockos, les papions et les mandrilles, les ouendrons et les patas, les doues et les moustacs, les talapoins et les mangabeys ? Polydore Marasquin, dans ses Émotions, ne se souvient-il pas des premières observations du jeune Gozlan ? Est-il vraisemblable que ce Portugais de Macao, qui n’avait pas lu Voltaire, ait eu la fantaisie satirique de poursuivre et d’atteindre l’homme sous le poil du singe ?
« Non, ami Polydore Marasquin, non, digne et grotesque marchand d’oiseaux, ce n’est pas ta sagacité qui a découvert chez les macaques, derrière les grilles d’une ménagerie, toutes les vocations et toutes les professions humaines. Le singe-avocat, le singe-comédien, le singe-médecin, le singe-filou, sont des personnages comiques fabriqués par Léon Gozlan le romancier, avec les souvenirs du jeune voyageur Léon Gozlan. »
Léon Gozlan fut probablement sous-maître dans un collège de Marseille. Après quoi il arriva à Paris, y apprit le latin, entra au Figaro, fut secrétaire de Balzac et publia, dans la Revue de Paris, l’Homme sans nom, la