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LÉON GOZLAN

Pastorale homicide, l’Histoire de quatre savants, les Petits Machiavels et la Frédérique.

Il fit représenter un grand nombre de pièces de théâtre. La Tempête dans un verre d’eau fut jouée, à Paris et en province, près de dix mille fois. La Pluie et le Beau Temps obtint, à la Comédie française, un succès retentissant.

M. Jean Bernard, dans son volume sur la Vie de Paris (1910), rapporte de lui cette pensée retrouvée sur un album :

« Comme je suis un peu fou, j’ai toujours rapporté, je ne sais pourquoi, à une couleur ou à une nuance les sensations diverses que j’éprouve. Ainsi, pour moi, la pitié est bleu tendre, la résignation est gris-perle, la joie vert-pomme, la satiété est café-au-lait, le plaisir est rose velouté, le sommeil est fumée de tabac, la réflexion est orange, la douleur est couleur de suie, l’ennui est chocolat, la pensée pénible d’avoir un billet à payer est mine de plomb, l’argent à recevoir est rouge chatoyant, le jour du terme est couleur de terre de Sienne ! vilaine couleur ! Il Aller au premier rendez-vous, couleur thé léger ; à un vingtième, thé chargé. Quant au bonheur complet… couleur que je ne connais pas. »

Théophile Gautier le définissait « un esprit taillé à facettes ».

« Jamais homme, dit encore de lui Hippolyte Babou, n’a été plus embarrassé que lui des fonctions, des dignités ou des honneurs qu’il a obtenus, après les avoir convoités, en feignant de les écarter de son chemin… S’il avait eu la joie de conquérir ce qu’il désirait le plus après la croix d’honneur, l’un des quarante fauteuils de l’Académie française, il se serait aussitôt porté candidat au quarante et unième.

« Léon Gozlan n’est pas mort, me disait un chroniqueur en roulant sa cigarette, il a donné sa démission de la vie,

« — Hélas ! lui répondis-je en lui donnant du feu de mon cigare, c’est la seule qu’il ne pourra pas retirer. »

Léon Gozlan mourut à Paris, en 1866.