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LIVRE I.

Mais son amante ne vint pas :
Et le pâtre de la vallée
Troubla seul du bruit de ses pas
Le silence du mausolée.




NOTE.

Cette Élégie, qui, dans le temps, a obtenu le prix à l’Académie des Jeux-Floraux de Toulouse, a subi quelques changements. Voici la première version :

« De la dépouille de nos bois
L’automne avait jonché la terre ;
Le bocage était sans mystère,
Le rossignol était sans voix.
Triste, et mourant à son aurore,
Un jeune malade, à pas lents,
Parcourait une fois encore
Le bois cher à ses premiers ans :
« Bois que j’aime ! adieu… je succombe.
Ton deuil m’avertit de mon sort ;
Et dans chaque feuille qui tombe
Je vois un présage de mort.
Fatal oracle d’Épidaure,
Tu m’as dit : « Les feuilles des bois
« A tes yeux jauniront encore ;
« Mais c’est pour la dernière fois.
« L’éternel cyprès se balance ;
« Déjà sur ta tête en silence
« Il incline ses longs rameaux :
« Ta jeunesse sera flétrie
« Avant l’herbe de la prairie,
« Avant le pampre des côteaux. »
Et je meurs ! de leur froide haleine
M’ont touché les sombres autans ;
Et j’ai vu, comme une ombre vaine,
S’évanouir mon beau printemps.
Tombe, tombe, feuille éphémère :