Page:Millevoye - Œuvres complètes de Millevoye, I, 1837, éd. Pongerville.djvu/68

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Le désert l’engloutit dans les sables profonds,
Ou sur d’âpres chemins les coursiers vagabonds
Dispersent de son char la roue étincelante,
Et brisent sa tête sanglante
Au penchant rapide des monts.
Et je pars ! Ah ! détourne un funeste présage,
Et pour moi désormais les cieux s’embelliront ;
Et dans mon fortuné voyage
Je verrai, pure et sans nuage,
L’étoile du bonheur rayonner sur mon front.




LE SOUVENIR.


Près des ombrages où Vincenne
Voyait le plus saint de nos rois
Dicter ses pacifiques lois
Sous les ombrages d’un vieux chêne,
Il est un modeste hameau
Que j’habitai long-temps près d’elle,
Et que cette amante fidèle
Abandonna pour le tombeau.
Salut, verte colline, à mes yeux si connue !
Salut, triste et longue avenue,
Que je traversais à grands pas,
Lorsque de la cité prochaine
Je hâtais mon retour, pour recueillir, hélas !
Les restes précieux d’une vie incertaine
Que me disputait le trépas !
Voici la route détournée
Où de nos projets d’hyménée
Elle aimait à s’entretenir,
Et, déjà du sort condamnée,
Sur les bords du cercueil me parlait d’avenir.
Alors, errait sur son visage