Page:Millevoye - Goffin, 1812.djvu/10

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Plus d’un père avec moi, plus d’une épouse en pleurs
De l’ordre salutaire accusait les lenteurs.
Comment peindre en effet cette longue souffrance,
Ce mélange cruel de terreur, d’espérance,
Tant de cœurs suspendus, condamnés par le sort
À cette chance horrible et de vie et de mort !
Quelques-uns ne sont plus...... Mais le sauveur des autres
A juré par son fils de nous rendre les nôtres ;
Et son destin s’attache à leurs communs destins.
Il songe à ses enfans naguères orphelins ;
Il embrasse en espoir son épouse fidèle :
Mais à ses compagnons il doit encor son zèle ;
Et sorti le dernier du gouffre ténébreux,
Son œil se lève au ciel, et retombe sur eux. »
 
À ces récits, la bouche et l’oreille captives,
L’étranger oubliait les heures fugitives ;
Et déjà pâlissaient les feux mourans du jour.
« Restez, dit le vieillard. Non loin de ce séjour,
« Un banquet, signalant la fin de nos misères,
« De nos fils délivrés doit rassembler les pères.
« Là vos yeux à loisir contempleront Goffin.
« L’étoile de l’honneur ; pare déjà son sein ;
« La palme et les lauriers vont décorer sa tête. »