Page:Millevoye - Goffin, 1812.djvu/9

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De leur abattement il les fait tous rougir :
« Est-ce à nous de pleurer quand nous pouvons agir ?
« Frappons ; voici la route. » Et sa voix consolante
Semble ressusciter leur force chancelante.
On le suit ; plus d’effroi, plus d’oisive langueur ;
L’espoir aux bras lassés rend toute leur vigueur.
Un bruit vague, ô transports ! a frémi sous la roche ;
De moment en moment il s’augmente, il s’approche ;
L’oreille peut du fer compter les coups pressés ;
La voix répond aux cris des deux parts élancés ;
Et le dernier effort va briser la barrière
Qui de l’affreuse nuit séparait la lumière.
Les sombres flancs du roc s’entrouvrent, et le jour
Par le bruit de la foudre atteste son retour.
« Ils sont sauvés ! » s’écrie une foule enivrée ;
« Sauvés ! sauvés ! » répond la troupe délivrée.
Tous au-devant du jour s’élancent.... Malheureux !
Songent-ils que la mort plane toujours sur eux ?
Ils peuvent, au cercueil restituant sa proie,
Échappés aux douleurs, succomber à la joie ;
L’air en poison subtil peut encor se changer ;
Et le danger redouble au terme du danger.
Les soins sont prodigués ; l’art, prévoyant et sage,
Du trépas à la vie adoucit le passage.