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ODE A CAMOENS




III




Ta patrie, ô poète, est ici tout entière ;
Ses enfants les plus chers te chantent à la fois ;
Ceux qui font son espoir et ceux dont elle est fière,
Eux tous pour te louer n’ont qu’une même voix.

 
Dans ce pays, toujours à la muse fidèle,
Tous ceux qu’anime encor son souffle inspirateur
Reconnaissent en toi leur maître et leur modèle
Et te font en ce jour un cortège d’honneur.

 
Au-dessus de la ville où les foules s’empressent,
Vision vague au fond de l’azur transparent,
Tes émules, les grands Portugais, m’apparaissent
Honorés, eux aussi, dans l’honneur qu’on te rend.

 
Quebedo, Menezès, les chanteurs d’épopée,
Les voici ! Ribeiro près de Cortéréal ;
Ceux qui dans Alcaçar brisèrent leur épée ;
Toi, Bernardès, avec le pipeau pastoral ;

 
Vicente, Miranda, Ferreira qui d’Horace
S’assimila le charme et s’appropria l’art ;
Lobo, qui du printemps rendit si bien la grâce ;
Manoël enfin, seul, seul et triste à l’écart.