Page:Milliet - Une famile de républicains fouriéristes, 1915.djvu/91

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


Il faut, vois-tu, que sans relâche
Tout chant qui n'est pas bâillonné,
Tout bras qui n'est pas enchaîné
Le soufflette et le nomme lâche.

Puis enfin, lasse de punir,
Chante de ta voix prophétique
Le retour de la République,
Cette aurore de l'avenir.

Août !$S2.


L’EMPIRE

L'Empire ! c'est la guerre homicide, inféconde,
Sous les pieds des chevaux écrasant les épis ;
C'est le torrent fougueux ne laissant que débris ;
Naguère il déborda, stérilisant le monde.

[...]
L'Empire ! c'est l'horrible avec le ridicule,
C'est la bande à Mandrin qui pille le trésor ;
Généraux, magistrats et prélats, gorgés d'or,
Se vautrent dans le sang, le vin et la crapule.

L'Empire ! c'est la France au pouvoir d'un gredin,
C'est l'échafaud, l'exil, la prison et les larmes,
Nos soldats transformés en geôliers, en gendarmes,
Le bancal qui sert d'aide à l'ignoble gourdin !

[...]
O bandit ! l'avenir ne se poignarde pas !
Immortel il s'avance ; à son front magnifique,
On voit briller ces mots : Liberté ! République !
Et les peuples vers lui tendent leurs mille bras.


À NÉMÉSIS

Viens, Némésis, déesse vengeresse,
Toi qui punis tous les êtres pervers
Que de nouveau ton fouet sanglant se dresse ;
À l'œuvre, à l'œuvre, ô fille des enfers !
Ne vois-tu pas ces phalanges altières
De criminels qu'il faut épouvanter ?
Allons, refais des nœuds à tes lanières,
Il est toujours des méchants à fouetter.

Vit-on jamais déborder sur la France
Plus d'infamie et de corruption,
Jamais poltrons montrer tant d'arrogance,
Jamais faquins plus fière ambition ?
Jamais enfin, sortant des jésuitières,
Tant de hiboux le soleil affronter ?
Allons, refais des nœuds à tes lanières,
Il est toujours des fourbes à fouetter.

Contraste affreux, digne de nos tristesses,
Iniquité, honte du genre humain !
Vois ces palais regorgeant de richesses
Près des taudis où l'on crève de faim.
Pour les petits les lois sont des barrières,
Mais par-dessus les grands peuvent sauter.
Allons, refais des nœuds à tes lanières,
Il est toujours des maîtres à fouetter.