Page:Milliet - Une famille de républicains fouriéristes, tome I, 1910.djvu/96

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Le parti légitimiste
N’a pas encore abdiqué :
Dans son erreur il persiste,
On dit qu’il s’est convoqué !
Rions de son fol espoir
Et souhaitons-lui bonsoir.
 Citoyens, etc…


Ami des joies de la famille, F. Milliet n’avait pas la moindre ambition personnelle. Porté comme candidat à la députation, il avait des chances d’être élu, mais il se retira très correctement devant la candidature du grand orateur, Ledru-Rollin.[1]



  1. Ledru-Rollin (1807-1874), avocat à la Cour de Cassation, défendit un grand nombre de journalistes et de républicains, poursuivis par le Gouvernement de Louis-Philippe, et se fit une popularité, en revendiquant la souveraineté nationale basée sur le suffrage universel. Malheureusement l’éducation politique du peuple était encore bien insuffisante ; « faire voter des ignorants, lui disait-on, c’est mettre un rasoir entre les mains d’un singe ». Élu député du Mans en 1841, il devint, par son éloquence virile, l’orateur le plus entraînant de l’extrême gauche ; on l’a comparé à Danton. Il s’éleva contre l’usage immoral des fonds secrets, souleva l’indignation contre les mauvais traitements infligés aux prisonniers politiques, et combattit le projet des fortifications de Paris présenté par Thiers. Un mariage romanesque lui avait apporté une grande fortune ; il la mit au service de l’opposition la plus avancée et fonda le journal La Réforme, où il formula avec énergie et clarté les justes revendications des ouvriers.

    Lorsque, le 24 février 1848, il eut été nommé membre du Gouvernement provisoire et chargé du ministère de l’intérieur, il s’efforça vainement d’amener une entente entre une bourgeoisie égoïstement aveugle et des prolétaires impatients. Il fit renvoyer devant le jury les insurgés des journées de juin et prit courageusement la défense de Louis Blanc et de Caussidière, accusés de complicité avec eux. À la Chambre, l’éloquent tribun défendit la liberté de la presse, s’opposa au rétablissement inique du cautionnement des journaux, et essaya d’empêcher l’intervention française à Rome. Promoteur de la campagne des banquets, il fut candidat à la Présidence de la République, obtint mille voix et, en 1849, fut élu député dans cinq départements. Les calomnies odieuses répandues