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Henri IV.


par l’infortune, qui apprend aux rois à être hommes ; parvenu à l’âge de trente-six ans où l’esprit et le corps ont toute leur force ; plein de droiture et de franchise, de générosité pour ses amis, d’affection pour les peuples ; trop susceptible des foiblesses de l’amour, mais aimant la gloire et le bien public préférablement aux plaisirs, calviniste modéré et sans entêtement, disposé à maintenir la religion dominante, à l’embrasser même quand on l’auroit détrompé de ses erreurs.

Sa religion empêche de le reconnoître.Cependant la plus grande partie de la France refusoit de le reconnoître. Chef de la branche de Bourbon-Vendôme, descendant de Robert, comte de Clermont, cinquième fils de saint Louis, quoiqu’il ne fût parent du dernier roi qu’au vingt-deuxième degré, les lois lui assuroient la couronne. Il n’avoit contre lui que sa propre religion ; barrière presque insurmontable dans un temps de fanatisme et de révolte. Le duc d’Epernon et d’autres seigneurs ou gentilshommes de l’armée se retirèrent d’abord, sous prétexte que leur conscience ne leur permettoit pas de servir un prince hérétique. La plupart des autres lui demeurèrent fidèles, à condition qu’il s’en rapporteroit au jugement du concile. Mais le duc de Mayenne, qui, soit modération, soit politique, ne voulut point du titre de roi, le fit donner au