Page:Milosz - Poèmes, 1929.djvu/113

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Maisons, usines,

Gares, églises,

— Partout, partout,

Aux bords du fleuve, aux flancs de la colline,

Entassés, dispersés, amoureux et hostiles,

Ces nids de boue

Trempés d’une salive d’insectes bâtisseurs.

Et là-bas, oh ! là-bas…


CHŒUR

Tes frères, tes sœurs.

(Très long silence.)


L’HOMME

Alors, dans un éclair

De lance dans le flanc percé

Je compris tout,

L’Annonciation et le Verbe fait chair.

Oui, dans un éclair de pensée

Je compris, je sentis, je vis

comment les choses s’étaient passées.

(Silence.)

Maintenant, les trois années de renoncement après les quarante ans d’attente tirent à leur fin. Je comprends, — je sens enfin que je sais, que j’ai toujours su, et qu’il est ici même une certaine manière de tout connaître.


J’ai fermé ma vue et mon cœur. Les voici réconfortés. Que je les ouvre maintenant. À toute cette chose dans