Page:Milosz - Poèmes, 1929.djvu/133

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Trois, Maître du grand rituel de réciprocité, per omnia secula seculorum ; tous les grands et miséricordieux Nombres, jusqu’au Dix du retour du fils prodigue à la Maison du Père, Amen ; les Nombres de la sagesse de l’Amour, un à un, ceignent l’épée de la Loi et rentrent dans le soleil des soleils, où les attendent les indestructibles Trônes. Le pitoyable Roi du Monde pose sa dextre sur la tête de son épouse, en signe de dure domination sur la nature corporelle. Dans la senestre, il élève l’universelle Pomme, fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, emblème de la misérable royauté qui se nourrit de terre et oublie que le temps en fait sa pâture. Dans ce globe impérial, le Seigneur, un jour, viendra planter la Croix. À la place des Nombres sacrés surgissent dans la pensée d’Adam les signes infernaux et corporels de la Division et de la Multiplication sans fin. C’est dans le Seigneur, c’est dans sa paix, que je veux dormir et reposer.