Page:Milton - Cheadle - Voyage de l’Atlantique au Pacifique.djvu/107

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prend dans des piéges de cuir. Une fois attrapé, il se tient tranquille et résigné ; le chasseur le tue en le frappant à la tête. Les autres habitants des forêts sont l’élan, et du petit gibier, comme la perdrix commune des bois, ou le tétras du saule, la perdrix du pin, le lapin et l’écureuil. Les plus nombreuses des bêtes à fourrure, parmi les plus estimées du pays, sont certainement la martre et le foutereau. La première, qui donne ce que les fourreurs anglais appellent sable ou zibeline, est l’objet de la chasse la plus active de la part des trappeurs. Au commencement de novembre, quand les animaux ont leur vêtement d’hiver et qu’on est dans la saison des fourrures, le trappeur fait ses préparatifs de la manière suivante : il plie sa couverture en double, y met un morceau de pemmican capable de le nourrir cinq ou six jours, une petite marmite et une timbale d’étain, et, s’il est riche, quelques trappes d’acier, avec un peu de thé et du sel. La couverture est alors nouées aux quatre coins, et portée sur le dos au moyen d’un lien qui passe sur la poitrine. Le trappeur ajoute ensuite à son équipage une hache, un fusil avec ses munitions, un couteau et un sac à feu. Puis, ayant chaussé ses raquettes, il part seul, s’enfonçant dans l’obscurité des bois et marchant en silence. Le trappeur, pas plus que le chasseur, ne peut jamais adoucir la solitude de sa vie par les sons du sifflet ou du chant. Son œil perçant étudie sur la neige toutes les marques qui peuvent le mettre sur la piste qu’il cherche. S’il découvre les empreintes d’une martre ou d’un pékan, il délie son paquet et se met à l’œuvre pour construire une trappe en bois. Voici comme il s’y prend. Il coupe un certain nombre de plançons et les taille en piquets d’un mètre de long ; il les enfonce en terre de façon à former une palissade qui a la forme d’un demi-ovale transversalement coupé. Cet enclos n’admet que les deux tiers du corps d’un animal, et est trop étroit pour qu’une bête puisse s’y mouvoir et s’y retourner. À travers l’entrée, on pose une courte