Page:Milton - Cheadle - Voyage de l’Atlantique au Pacifique.djvu/116

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tuner par l’offre de leurs fourrures. Vexé de ce que Treemiss refusait de lui en acheter, il lui avait jeté violemment à la tête une peau de martre. À cette insulte, Treemiss avait dans sa colère donné un coup de poing à l’Indien. Aussitôt tout n’avait été que hurlements et confusion. Les couteaux étaient tirés, la chandelle jetée à terre et éteinte, et les Indiens tous, dans l’obscurité, s’étaient élancés à tâtons pour frapper Treemiss. Celui. ci, renversant un Indien qui s’opposait à son passage, était parvenu à saisir son fusil qui était près de la porte et à opérer sa sortie, non pourtant sans avoir reçu plusieurs coups et quelques estafilades à travers ses habits.

Le fusil à la main, il attendait au dehors l’attaque de ses assaillants, écoutant avec anxiété le vacarme qui se faisait à l’intérieur. Il savait qu’Etakh-ékouhp, son agresseur, homme de haute taille et de force redoutable, ne pouvait plus se contenir quand il était en colère. Mais Treemiss avait trouvé un partisan, Un métis nommé Tambout, espèce de géant, plus grand et plus robuste encore qu’Etakh-ékouhp, avait reçu de Treemiss plusieurs bons traitements C’était lui qui maintenant luttait de toutes ses forces en sa faveur. Il avait saisi Etakh-ékouhp à bras le-corps, l’avait enlevé comme un enfant, puis l’avait jeté contre terre avec tant de violence que celui-ci gisait presque insensible et qu’il en eut pour plus d’une semaine avant de pouvoir quitter le lit. Ensuite, Tambout déclarant qu’il en ferait autant à quiconque voudrait toucher à son bienfaiteur, le reste de la bande s’éloigna d’un air sombre. On savait qu’il avait déjà tué deux de ses ennemis sans employer aucune autre arme que sa force, et sa réputation de courage égalait celle qu’il devait à sa vigueur. Personne depuis lors n’osa plus inquiéter Treemiss.

Nous n’avions plus qu’une très-faible quantité de farine et de thé, et comme on ne pouvait guère s’en procurer, surtout du thé, même à Carlton, il fut décidé que nos gens retourneraient jusqu’à la Rivière Rouge pour s’y fournir des denrées nécessaires au grand