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Page:Milton - Cheadle - Voyage de l’Atlantique au Pacifique.djvu/298

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temps qu’ils pourraient marcher ; quand ils refuseraient, on les tuerait pour les manger et nous gagnerions le fort Kamloups à pied. L’Assiniboine était à bout de force. Sombre et morose, il laissait parfois échapper des menaces de désertion et nous reprochait amèrement de l’avoir entraîné avec nous dans de pareilles extrémités. Il s’alla camper à part, avec sa femme et son fils, tenant ensemble des consultations fréquentes et significatives ; nous dûmes employer tout ce que nous avions de sang-froid et de patience pour éviter de rompre ouvertement avec cet homme et sa famille.

Mais nous eûmes le bonheur, avant de partir, le matin du 18, d’entendre le croassement d’un corbeau, oiseau qu’on regarde comme de mauvais augure, mais qui, pour nous, était l’indicateur d’une excellente nouvelle, car il proclamait certainement le voisinage d’une région découverte. Enfin, durant cette journée, nos courages furent encore relevés parce que nous pûmes constater des traces laissées par l’homme et qui ne devaient remonter qu’au printemps précédent. C’étaient quelques branches qu’on avait coupées au couteau, comme si on eût voulu s’ouvrir un chemin à travers les buissons.

Il éclata une tempête accompagnée de tonnerre qui nous obligea à camper de bonne heure ; mais, le lendemain, nous découvrions un sentier qui s’améliorait à mesure que nous avancions et, vers le soir, nous trouvions des marques de chevaux. Pendant les deux journées suivantes, le sentier reparut et disparut tour à tour. Il était encore si effacé et si incertain que nous avions peur de nous y tromper après tout ; mais, dans la soirée du 21, nous arrivions à un marais où les empreintes des pieds de cheval étaient très-nombreuses et, sur l’autre bord, où nous campâmes, il y avait un grand cèdre abattu, dont on avait fait un canot. Un arbre portait une inscription, dont les mots bien qu’illisibles paraissaient être anglais. Enfin, à notre immense joie, le lendemain matin, nous tombions sur une voie dont les