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Page:Milton - Cheadle - Voyage de l’Atlantique au Pacifique.djvu/308

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Indien et sa femme consentaient à nous guider jusqu’en vue de Kamloups.

Le lendemain nous rencontrâmes plusieurs Indiens. À première vue, nous les primes pour des Mexicains, tant ils nous rappelaient peu les Peaux-Rouges de la Prairie orientale. Ils avaient les caractères d’une race asiatique plutôt que ceux de la race européenne qu’on retrouve dans les traits beaux et hardis du véritable Indien de l’Amérique du Nord. Leur taille était plus forte et plus ronde, leur nez plus petit et moins saillant, leur teint plus foncé et moins transparent. Leurs chevaux avaient des selles et des harnais de travail mexicain ; leurs brides étaient garnies d’une innombrable quantité de clochettes. Ils nous régalèrent de café et de tabac. Quelle jouissance après six semaines de privation ! Dans l’après-midi du 28, notre guide nous quitta, après nous avoir montré dans le lointain une chaîne de hauteurs qui marquait la place de Kamloups, et nous avoir donné à comprendre que nous pouvions y être rendus avant la nuit. Cet homme s’était fort bien comporté envers nous, et nous lui fîmes cadeau du fusil de L’Assiniboine. Plus tard, on nous apprit qu’il n’osait pas se retrouver avec le reste de sa tribu, près du fort, parce qu’il avait encouru un grave châtiment en manquant ouvertement aux coutumes des Chouchouaps. Chez ceux-ci, à ce qu’il paraît, comme chez les Juifs, la loi veut que, si un homme meurt sans enfants, son frère épouse la veuve. Or notre ami avait enlevé et épousé une veuve aux dépens de son beau-frère, qui avait juré de s’en venger. L’offenseur redoutait la rencontre de l’offensé.

Nous marchions en plein soleil, malgré nos fatigues, notre faiblesse et les blessures de nos pieds ; néanmoins, la nuit arrivait sans que nous eussions vu le terme de notre voyage. Nous étions encore sous l’influence de ces malheureuses baies qui nous avaient rendus malades. Enfin nous nous trouvâmes si harassés que, nous rendant à l’avis de L’Assiniboine, nous réso-