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Page:Milton - Cheadle - Voyage de l’Atlantique au Pacifique.djvu/334

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n’avions rien eu qui méritât ce nom. Cependant il faut avouer que le champagne et quelques liqueurs, que nous bûmes fraternellement avec des mineurs, nous donnèrent de terribles maux de tête et nous empêchèrent de dormir jusqu’au lendemain matin. Plusieurs de ceux qui vinrent boire au comptoir nous amusèrent beaucoup ; entre autres un grand Yankee, tout à fait ivre, qui se figurait qu’il était lord Nelson et qui, on ne sait comment, associant cette imagination avec des concombres, mangeait sans repos plusieurs de ces cucurbitacées afin de prouver son identité.

La petite ville d’Yale n’est, après tout, qu’une rangée de maisons faisant face à la rivière au moment où, venant de s’échapper des Cagnons, elle forme un large et noble fleuve. Yale est bâtie sur un petit terrain plat, que terminent au nord des hauteurs élevées et où commence la vallée qui va en s’élargissant vers le sud, bornée par les montagnes, dont l’aspect conserve toute leur grandeur. Cette situation est des plus pittoresques. Les maisons de bois, blanchies et propres, ornées de drapeaux, ont toute la gaieté que peut désirer un Yankee. On trouve de l’or dans la rue d’Yale et, pendant notre dîner, deux Indiens cherchaient l’or, avec une bascule ou rocker[1], en face de l’hôtel. Le lendemain nous fîmes nos adieux à notre bon ami, M. Mac Kay, et nous prîmes place sur le bateau à vapeur qui descendait jusqu’à New-Westminster, à l’embouchure du Fraser. Après Yale, le fleuve s’élargit avec rapidité et coule entre des rives basses et fertiles en bois. Sur notre route, nous passâmes devant Hope et Langley, anciens établissements de la Compagnie de la Baie de Hudson. Le premier occupe le plus beau site qui existe dans la Colombie Britannique, une plaine boisée entourée par un amphithéâtre de hautes montagnes. C’est en grand la même

  1. Rocker ou cradle, berceau ; machine décrite dans le Tour du Monde, 1862, i, p. 14. (Trad.)