sans culotte, hors de la tente en criant « les Indiens ! les Indiens ! » Réveillés tous en sursaut, effrayés, à moitié endormis, nous courûmes sur ses pas. Milton aperçoit une forme qui se glissait furtivement près d’une des charrettes ; il saute dessus, la saisit à la gorge et l’étrangle à moitié. C’était Voudrie, qui, au premier bruit, essayait avec précaution de s’assurer de ce dont il s’agissait. Nous ne tardâmes pas à voir qu’il n’y avait aucune cause d’alarme. Nous cherchâmes donc Treemiss, et le trouvâmes en haut d’une charrette, où il s’occupait activement à défaire une de ses malles. Il était dans l’état de somnambulisme, Quand on l’eut réveillé, il fut singulièrement étonné de se trouver où il était, grelottant dans sa chemise par le froid de la nuit. Le lendemain matin, nous avons bien ri de l’aventure. La cause de ce cauchemar pouvait remonter à un souper composé de champignons et assaisonné de quelqu’une des féroces histoires de La Ronde. Tout en parlant de l’incident, nous eûmes la nouvelle que Vital s’était éclipsé. La veille, nous avions eu à lui faire des reproches sur sa paresse ; il les avait fort mal reçus et, durant la nuit, il avait déserté.
Ce jour-là, nous rencontrâmes un convoi de charrettes qui retournait à la Rivière Rouge. Un des conducteurs qui jouissait du nom de Zear consentit à s’engager avec nous à la place de Vital. C’était une espèce de jeune benêt. Le chef du convoi était porteur d’un billet où lord Dunmore disait qu’il était retenu par la maladie au fort Ellise et priait Cheadle de venir à son secours aussi vite que possible. Le lendemain donc, nous attachâmes nos couvertures derrière nos selles, nous suspendîmes une timbale à notre ceinture et, prenant chacun une couple de galettes ou de gâteaux sans levain, nous partîmes à marche forcée pour le fort, laissant nos hommes s’avancer plus lentement avec les charrettes.
Nous galopâmes dur et, le soir du troisième jour, nous atteignions le but de notre course ; mais notre empressement se