Aller au contenu

Page:Milton - Cheadle - Voyage de l’Atlantique au Pacifique.djvu/67

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

considérable. Mais la rapidité de la fonte de la neige et leur inexpérience ne leur permirent pas de la retrouver plus loin. Ils furent donc obligés, bien malgré eux, d’abandonner cette chasse et retournèrent au fort très-désappointés. Les empreintes des pieds d’un de ces animaux étaient d’une taille énorme et la neige les faisait voir très-distinctement. Elles avaient la longueur de l’avant-bras d’un homme et la marque des ongles égalait celle d’un de nos doigts[1].

Lorsqu’ils eurent dîné avec M. Lillie, ils coururent sur la trace des charrettes qu’ils regagnèrent à la nuit après avoir rudement fait une trentaine de milles. Le lendemain matin, nous nous levâmes tous avec un certain battement de cœur, car nous savions que le bison pouvait se montrer d’un moment à l’autre. Milton lui-même, qui n’en était pas à son début puisque, deux ans auparavant, il avait, en partant du fort Garry, suivi la grande chasse d’automne, ne pouvait qu’à grand’ peine se tenir en repos. Il ne parvenait guère à dissimuler l’impatience nerveuse qu’il avait de reprendre sa part dans cette chasse échevelée. La Ronde partit en reconnaissance. Treemiss, qui ne pouvait pas rester en place, ne tarda pas à le suivre. Quant à nous, nous demeurâmes près des charrettes, en attendant le rapport de La Ronde. Il ne revenait pas. Cependant nous rencontrâmes un bison mort et gisant tout près du sentier. Nous pensâmes qu’il avait été tué par La Ronde. Quelques loups rôdaient à l’entour et, tandis que nos hommes travaillaient à découper l’animal, nous nous mîmes à poursuivre un grand et vieux loup blanc. Milton le coupa plusieurs fois ; mais il le manqua de ses deux coups. Cheadle prit alors la tête de la chasse, mais sans plus de succès. De temps en temps, nous sautions par-dessus lui ; mais nous le manquions, tandis qu’il s’esquivait sous le ventre de nos chevaux en grognant et en montrant les dents. Les chevaux

  1. Voir, Tour du Monde, 1860, 2e semestre, p. 249, un combat contre un ours gris. (Trad.)