Ce qu’il y avait de curieux encore c’était de voir comment, au premier coup de fusil, les loups sortaient pour ainsi dire de terre. Deux ou trois d’entre eux couronnaient chaque colline, où ils restaient tranquillement à surveiller les progrès de la chasse. Quand, après avoir découpé la meilleure partie de la viande, nous avions abandonné derrière nous un cadavre, les loups se glissaient jusqu’à lui et, nous n’étions pas encore à quelques centaines de mètres, qu’une douzaine d’entre eux s’étaient jetés sur cette carcasse dont, avant la matinée suivante, ils ne laissaient plus que les os.
Tout le monde réussit cette fois-là. La Ronde tua deux bisons et chacun de nous abattit le sien, même Cheadle qui, au temps voulu, parut sur son petit palefroi, ayant une langue pendue à sa selle.
Tandis que nos hommes s’occupaient à découper les bêtes qui étaient le plus à leur portée, Treemiss, dont la passion n’était point rassasiée, repartit en quête du gibier, et Cheadle, en compagnie de Zear, alla rechercher l’animal qu’il avait tué et laissé à près d’un mille de distance. La pluie se mettait alors à tomber. Milton emmena donc le convoi et le fit camper dans un bouquet d’arbres près de la rivière. La pluie ne tarda pas à se changer en grésil et le temps devint froid et piquant.
La nuit arriva, mais Treemiss ni Cheadle ne reparaissaient. La Ronde partit à leur recherche et l’on commença à tirer de temps à autre des coups de feu pour signaler aux égarés l’emplacement du camp. Un peu après la tombée de la nuit, Cheadle et Zear rentrèrent, trempés jusqu’aux os et mourant de froid. Ils avaient, plusieurs heures auparavant, aperçu Treemiss lancé bride abattue à la poursuite d’une bande de bisons. Comme une portion du troupeau défilait alors à une centaine de mètres d’eux, Cheadle avait, à la grande admiration de Zear, tué celui qui la conduisait. Ils avaient donc dû s’arrêter à découper de la viande, jusqu’à ce que le jour eût cessé, et ce n’avait pas