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soigneusement brodés. Les femmes avaient des jupes courtes à couleur brillante, découvrant les jambières richement brodées et des moccasins blancs en peau de caribou, joliment ornée de bouquets en verroteries, en soie et en poil d’élan. Quelques-unes des jeunes filles étaient fort gentilles ; mais, pour la plupart, elles étaient défigurées par ce goitre qui affecte le plus grand nombre des métis à tous les postes fondés sur la Saskatchaouane, quoique les Indiens en soient préservés. Sinclair servait de musicien. Il eut une rude nuit de travail, interrompu seulement par de courts intervalles pour se rafraîchir. La fête se prolongea jusqu’au lendemain matin.

Cependant l’hiver approchait. Nous hâtions donc notre départ pour le lac au Poisson-Blanc. Quant à Treemiss, il avait résolu d’établir sa résidence à la Montagne du Bois ou Thickwood Hills, située à une cinquantaine de milles au N. O. de Carlton. Elle était plus voisine des plaines et le gros gibier y abondait. En outre, la Montagne du Bois offrait l’avantage d’être le lieu de la résidence d’Etahk-Ékouhp ou l’Étoile de la Couverture, qui était le plus célèbre chasseur du canton. La Ronde et Bruneau devaient nous accompagner pour passer l’hiver avec nous ; Voudriie et Zear retourneraient au fort Garry conduire nos meilleurs chevaux et porter nos lettres pour l’Angleterre.

Le 10 octobre, nous transportâmes au nord de la Saskatchaouane nos chevaux, nos charrettes et nos bagages. Le soir nous fîmes nos adieux aux habitants du fort Carlton et, suivant notre convoi, nous allâmes camper cette nuit au bord de la rivière. Le lendemain, nous disions adieu à Treemiss dont la route se séparait ici de la nôtre.

Nous recommencions à voyager dans un pays mêlé de bois et de prairies. Il faisait encore un très-beau temps et, durant le jour, la chaleur était agréable ; mais, les nuits, le froid était assez vif et déjà les lacs se couvraient en partie d’une mince couche de glace.