Page:Milton - Cheadle - Voyage de l’Atlantique au Pacifique.djvu/88

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sions, qui étaient probablement à Treemiss, amené sans doute à Carlton par la même nécessité. Après avoir tiré plusieurs coups de feu sans obtenir de réponse, on pénétra dans la loge et, comme on avait épuisé ses provisions, on usa librement de celles qui s’y trouvaient. Le lendemain matin, on cria encore beaucoup et on brûla une grande quantité de poudre. Enfin une troupe d’hommes parut sur l’autre rive et s’occupa à faire passer la barque. Cela eut lieu non sans difficulté parce que, la rivière étant déjà à moitié prise, il n’y avait d’ouvert au milieu qu’un chenal où de grandes masses de glace descendaient avec fracas en écorchant tout ce qu’elles touchaient. Comme la barque approchait, on entendit un cri sonore qui annonçait la présence de Treemiss. Notre ami était à peine reconnaissable à cause de la longue capote qu’il portait et de son bonnet orné de bandes et d’oreilles de fourrure suivant la coutume des métis. La barque fit passer ses charrettes qui se rendaient au fort Pitt et, tandis qu’on les mettait à bord, Treemiss raconta ce qui lui était arrivé depuis notre séparation. Il avait à peu près achevé sa demeure qui, comme la nôtre, ne se composait que d’une chambre, mais dont le style architectonique était bien supérieur à celui que nous avions suivi, car elle avait une grande élévation et jouissait d’un toit avec un haut versant. La possession d’une petite quantité de rhum lui avait causé, comme à nous, de prodigieux ennuis. Au point que, pour avoir la paix, il avait fini par livrer tout ce qu’il en avait à Étahk-ékouhp et à ses amis. Leurs orgies d’ivrognes avaient alors duré toute la nuit, et même un sale Indien avait fini par venir partager le lit de Treemiss. L’Indien en fut immédiatement rejeté avec indignation, mais y rentra aussitôt jusqu’à ce qu’après plusieurs répétitions de cette scène, Treemiss eût fini par le saisir aux épau11es et par le jeter à la porte. Enfin Étahk-ékouhp était resté seul, assis auprès du feu et entonnant une chanson indienne. Treemiss s’était flatté qu’on allait le laisser dormir en paix ; mais Étahk-ékouhp, s’étant aperçu que