Page:Milton - Cheadle - Voyage de l’Atlantique au Pacifique.djvu/97

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vêtement de cuir. Puis ils s’avancèrent en biaisant et en rampant sur les mains et les genoux, il travers la neige, et ils atteignirent un point où, cachés par un bouquet d’arbres rabougris, ils pouvaient voir les cinq bisons à une vingtaine de mètres. Tout à son émotion, La Ronde donna ses instructions à Cheadle dans un jargon mêlé de français, d’anglais et de crie. Cheadle, également ému, n’ayant rien compris à ce que La Ronde lui avait dit, hésitait à tirer. La Ronde, désolé, épaula son fusil avec précaution ; Cheadle, ne voulant pas se laisser devancer, leva aussi le sien ; mais, en le faisant trop brusquement, il découvrit sa tête.

Aussitôt toutes les bêtes prennent leurs jambes à leur cou. Sur leur passage on les salue aux talons d’une volée de balles sans effet. Alors commencent les récriminations : La Ronde sacrait de la belle façon. Quant aux bisons, ils étaient partis ; on n’en voyait pas d’autres. Malheureusement, le camp ne contenait qu’une bien mince provision de pemmican. Cependant, les bisons effrayés ralentissaient leur pas il mesure qu’augmentait leur éloignement ; enfin on les vit se remettre il marcher lentement et paître le long de la route. Il ne restait plus qu’une chance, celle d’essayer de les rejoindre. Nos malheureux chasseurs se remirent donc en course, se dissimulant avec tout le soin possible. Après deux heures de fatigue, ils réussissaient à devancer les bisons, se blottissaient cachés sur leur route, et en tuaient deux qui s’avançaient au pas.

Mais alors la nuit approchait, et les chasseurs étaient à trois ou quatre milles de leur camp. Ils ne pouvaient pas aller querir les chevaux et les traîneaux pour rentrer la viande ce soir même ; et, s’ils quittaient leur gibier, les loups sauraient bien ne leur en laisser que les os proprement nettoyés pour le lendemain matin. On n’avait donc guère de choix : il fallait camper à l’endroit même toute la nuit ; mais on ne pouvait pas s’y abriter, car on n’y voyait qu’un petit_nombre de peupliers effeuillés.