Page:Milton - Samson agoniste, 1860, trad. Avenel.djvu/52

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HARAPHA.

Combattre avec un homme aveugle, je le dédaigne ; il te faudrait subir bien des purifications pour que je pusse te toucher.

SAMSON.

Trahi, vendu, voilà comme en ont usé envers moi vos honorables maîtres. Unissant toutes leurs forces, ils n’osèrent pas se mesurer contre un homme qui était seul et désarmé. Sous mon toit, où m’environnaient mille embûches, même alors que je dormais, ils n’osèrent point m’attaquer jusqu’à ce qu’ils eussent, avec leur or, acheté une femme qui viola, en me trompant, la fidélité conjugale. Ainsi donc, sans feinte et sans détour, que l’on nous désigne un étroit champ-clos ; que la vue ou plutôt la fuite ne t’y donnent pas sur moi un trop grand avantage : revêts alors tes superbes armes, ton casque, ton corcelet d’airain, ton large aubert, tes brassards, tes cuissards et tes gantelets ; ajoutes-y cette navette de tisserand qui te sert de glaive et ce bouclier à sept lances ; pour moi, n’ayant qu’un bâton de chêne, je marcherai à ta rencontre, et sur ton armure retentissante, qui ne défendra pas longtemps ta tête contre mon bras, mes coups résonneront si haut que bientôt, tandis qu’il restera un souffle dans ta poitrine, tu souhaiteras plus d’une fois te voir encore à Gad, et là, sans crainte, te vanter de ce que tu voulais faire à Samson ; mais dorénavant tu ne reverras plus Gad.