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HARAPHA.

Tu n’oserais point verser le mépris sur ces armes qui, portées dans les batailles par les plus illustres héros, leur servirent à la fois d’ornement et de défense, si des charmes, de noirs maléfices, œuvre de quelque magicien, ne te servaient d’armure et ne te protégeaient par la puissance des enchantements. A t’en croire, le Ciel, à ta naissance, attacha la force à tes cheveux ; or, moins que partout ailleurs, elle peut habiter là, tous tes cheveux fussent-ils hérissés comme les poils qui couvrent le dos des sangliers furieux ou bien du porc-épic qui découvre un ennemi.

SAMSON.

Je ne connais point de charmes, et je ne me sers point d’artifices défendus. Ma confiance est dans le Dieu vivant qui me donna, à ma naissance, cette force répandue, de même que la tienne, dans ces tendons solides, dans tous ces nerfs et tous ces os, tant que je conserverai intacte cette chevelure, gage de mon vœu inviolable. Pour preuve de ce que j’avance, si Dagon est ton Dieu, va à son temple, invoque pieusement et solennellement son aide, fais-lui sentir combien sa gloire est hautement intéressée à rendre vains et à rompre ces arts magiques que je déclare être seulement la puissance du Dieu d’Israël. Oui, je jette ce défi à Dagon ; j’offre de te combattre, toi son champion intrépide, soutenu de tout le pouvoir de sa divinité, et alors tu verras ou plutôt tu sentiras à ton dom-