Page:Milton - Samson agoniste, 1860, trad. Avenel.djvu/6

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

l’arbre, conservez-lui, sinon ses feuilles, du moins sa tige et ses racines. Le traducteur, c’est Lysippe[1] ; Lysippe force le bronze à reproduire les traits d’Alexandre ; mais rendre le souffle de la poitrine, l’éclair du regard, le mouvement de la lèvre, le peut-il ?

» Gardez-vous bien, a dit l’avocat spirituel d’un autre système de traduction,

Gardez-vous bien du mot à mot,
Horace et le goût le renie,
Tout pédant traduit comme un sot ;
C’est la grâce, c’est l’harmonie,
Les images, la passion,
Non le mot, mais l’expression
Que doit rendre un libre génie ;
Le plus fidèle traducteur
Est celui qui semble moins l’être ;
Qui suit pas à pas son auteur,
N’est qu’un valet qui suit son maître. »

A la bonne heure, mais être le valet de Milton, n’a point semblé une honte au chantre des Martyrs.

  1. Lysippe était un statuaire prodigieusement fécond ; si nous en croyons Pline, il mettait dans un tronc une pièce de monnaie à chaque œuvre qui sortait de son ciseau ; le nombre en monta après lui à sept cents, selon les uns, et, selon les autres, à quinze cents.