Page:Milton - Samson agoniste, 1860, trad. Avenel.djvu/70

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d’une nation armée. Ah ! je me le persuade, Dieu n’eût pas permis à sa vigueur de revenir avec ses cheveux qui l’entourent comme un camp de soldats fidèles, s’il n’avait la pensée de lui demander encore quelque service éclatant. Lui faisant un don si grand, il ne le laissera pas, à l’avenir, oisif, inutile et livré aux railleries, et puisqu’avec sa vue sa force n’est point éteinte, Dieu voudra encore, avec sa force, lui rendre aussi la vue.

LE CHŒUR.

L’espérance. de le voir délivré a une base solide et ne semble pas vaine ; la joie que tu ressents charme ton cœur paternel, elle n’est. pas loin de toi et nous la partageons.

MANUÉ.

Je connais la tendresse de vos cœurs ; mais, oh quel bruit ! Miséricorde du Ciel, quel bruit est-ce là, horriblement fort et bien différent des acclamations de tout-à-l’heure.

LE CHŒUR.

Un bruit, dis-tu ; n’est-ce pas plutôt une plainte universelle, comme si venait à périr une maison tout entière ; le sang, la mort et tout ce que fait la mort y sont rassemblés, la ruine et la destruction parvenant à leurs limites dernières.

MANUÉ.

La ruine, certes j’ai cru en ouïr le bruit. Oh ! il continue, ils ont tué mon fils.