Page:Mirabeau - Hic et Hec, 1968.djvu/103

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de l’esprit jusqu’au bout des doigts, j’en veux faire plus d’usage que de la trompe de son éléphant. Viens, ma Laure, mets-toi à mes côtés, ouvre ton peignoir comme j’ai fait du mien ; que ses mains caressent nos deux portiques, que sa bouche se colle alternativement sur les nôtres, se promène sur ton sein et sur le mien, et soyons économes du baume précieux qu’il voudrait nous prodiguer.

Je consentis au joujou qu’elle proposait, et quand la volupté se faisait sentir trop vivement, elle me faisait suspendre, pour reprendre, après une courte trêve. Laure fit une si jolie mine, en arrivant au but désiré, que je ne pus résister au désir de porter la bouche sur la fontaine dont mon doigt venait de faire jaillir les eaux enflammées ; le mouvement que je fis ayant découvert la trompe dans l’état le plus brillant, la signora la saisit entre ses lèvres ardentes, et par la succion la plus voluptueuse, me fit faire une libation plus abondante que celle que je recevais de sa fille, et ma main gauche, qui n’avait pas quitté son poste, reçut des preuves liquides de l’attendrissement de la mère.

Cependant Mme Valbouillant et Babet s’étant adossées l’une à l’autre recevaient debout l’évêque, et Valbouillant, dont les coups repoussés par l’athlète opposé, causait une réaction vive et singulière. L’acte fini, après quelques moments de repos et quelques verres de punch, on demanda quelque anecdote à Valbouillant.

— Je n’en sais point, dit-il, si ce n’est le désespoir de la vieille Sara.