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EROTIKA BIBLION

dans la même vue, pour y atténuer les causes irritantes. Ces titillations, ces attouchements, quelque vifs et désirés qu’ils puissent être, se font du moins sans témoins, au lieu que ceux qu’occasionne la nymphomanie bravent les spectateurs et les circonstances. C’est que le prurit ne s’établit que dans la vulve, au lieu que la manie forcenée de la jouissance réside dans le cerveau. Mais la vulve lui transmet en outre l’impression qu’elle reçoit avec des modifications propres à investir l’âme d’une foule d’idées lascives : de là, ce feu s’alimente lui-même ; car la vulve est affectée à son tour par l’influence de l’âme avide de volupté, indépendamment de toute impression des sens, et réagit sur le cerveau. Ainsi l’âme est de plus en plus profondément pénétrée de sensations et d’idées lascives, qui, ne pouvant pas subsister trop longtemps sans la fatiguer, déterminent sa volonté à faire cesser cette inquiétude attachée à la prolongation de tout sentiment trop vif, à employer tous les moyens imaginables pour parvenir à ce but.

Il est incroyable combien l’industrie humaine, aiguisée par la passion, a varié les moyens de donner du plaisir, ou plutôt les attitudes du plaisir ; car il est toujours le même, et nous avons beau lutter contre la nature, nous ne dépasserons pas son but. Elle paraît avoir distribué, à la vérité, beaucoup de provoquants dans ses productions[1] ; mais il est certain que les fibres du cerveau s’étendent indépendamment d’aucune affection immédiate de la nature. Tout ce qui échauffe l’imagination, agace les sens ou plutôt la volonté, à laquelle

  1. Sennert cite une femme qui, ayant bu un peu de borax dissous, tomba en nymphomanie ; et Muller conseille le musc mêlé avec des aromatiques, introduits d’une manière quelconque, pour lubrifier le vagin.