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NOTES SUR

faillir ; puis étudier avec soin, persévérance et humilité, le caractère, le tour, les propriétés et le génie d’une langue aussi ancienne que la nature, et dont les racines peu nombreuses expliquent si merveilleusement la signification de ses mots sonores, et leur liaison avec les choses qu’ils dépeignent avec tant de verve et de couleur ; langue véritablement admirable, puisque Adam se servit de son abondante stérilité pour donner aux plantes et aux animaux qui venaient d’être tirés du néant, un nom qui marquait leur nature et leur propriété[1] ; langue renfermant ainsi un sens allégorique, anagogique et tropologique, et portant avec elle la preuve irrécusable et évidente qu’elle fut consacrée par la bouche d’un Dieu !…

Or, pour éviter toute espèce d’interprétation forcée, confrontez avec l’original de ce livre divin, conservé dans 1 arche de Noé, les versions des savants interprètes et les doctes élucubrations des commentateurs. Puis, consultez les Saints Pères qui nous ont légué ce précieux trésor ; ensuite, les canons de l’Église, les conciles et les explications lucides, les profondes méditations de nos théologiens vous guideront tout naturellement dans la connaissance parfaite d’une matière où il serait plus que téméraire de se fier à ses propres forces pour parvenir à l’intelligence des textes originaux. Si vous avez eu le courage de vous instruire dans la religion de ces docteurs, alors disparaîtront devant vos yeux les doutes illégitimes, les apparentes contradictions et les prétendues erreurs sur la physique, la chimie et l’astronomie, que des esprits audacieux croient trouver dans la Bible, mais qui, fort heureusement, n’existent que dans leur imagination déréglée et corrompue ; alors, soudainement inspiré par la grâce agissante, il vous sera donné de comprendre « la raison qui peut avoir obligé Dieu, après ces espaces infinis de l’éternité qui ont précédé la création

  1. Gen., chap, II, v. 19.